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Revue Banque

– décembre 2022
La prise de conscience collective est réelle et la volonté d’adopter une consommation responsable sincère. Les solutions de gestion de l’argent des particuliers restent cependant en arrière-plan des actions à mener, alors qu’elles peuvent être un bon moyen de mesurer et réduire l’empreinte carbone.
Depuis plusieurs années, différentes fintechs proposent le calcul de l’empreinte carbone à partir de l’analyse des transactions bancaires du client. La société Yayzy par exemple, est l’une des premières à l’avoir proposé en Grande Bretagne. Au départ, l’application demande à l’utilisateur de faire le lien avec ses comptes en banque, puis la quantité de CO2 émise est calculée à partir des dépenses, classées en catégories telles que l’alimentation, les loisirs ou encore les transports.

Plusieurs biais ont freiné le développement de ces solutions, notamment le manque de fluidité des parcours et l’absence de partenariat définis avec les banques, le lien entre l’application et la banque de l’utilisateur le contraignant à un renseignement fastidieux de données. Par ailleurs, si la catégorisation est relativement fiable, le calcul se base sur des estimations de la consommation du client en fonction du lieu de sa transaction, et non sur les achats réellement effectués au détail. Il ne sera pas possible d’indiquer précisément au client quelles sont ses dépenses responsables, ni quelles alternatives s’offrent à lui. Enfin, contrairement aux entreprises contraintes à réaliser des bilans carbones pour respecter et anticiper la réglementation, les particuliers n’ont aucune obligation à avoir recours à ce type de service au quotidien.

Pourtant, de nouvelles tendances donnent l’occasion à certains acteurs de se déployer. Tout d’abord, ces fintechs développent des partenariats avec les banques, elles peuvent ainsi mettre en place une solution imbriquée dans l’application utilisée par le client pour gérer ses finances personnelles. C’est notamment le cas de Greenly depuis fin 2020 avec BNP Paribas, ou encore Doconomy, le principal acteur suédois en partenariat avec Nordea, qui fournissent désormais à leurs clients des parcours particulièrement fluides dans lesquels ils peuvent suivre quotidiennement en parallèle leurs transactions et l’empreinte carbone associée. Enfin, c’est surtout le développement de l’intelligence artificielle qui offre de nouvelles perspectives : le britannique Cogo l’a bien compris en s’alliant avec le gestionnaire de finances personnelles Moneythor pour appuyer son déploiement en Asie, l’application étant déjà intégrée dans de nombreuses banques telles que ANZ en Australie ou DBS à Singapour et Hong Kong. Le client se voit proposer des insights (recommandations personnalisées) qui prennent en compte l’empreinte carbone et le conseillent sur leur façon de la réduire.

L’épargne : un impact carbone à ne pas négliger

Si ces services se concentrent sur le suivi des dépenses, il existe également des applications qui s’intéressent à l’impact carbone de l’épargne des ménages. Les épargnants peuvent ainsi prendre conscience de l’impact de leurs investissements sur l’environnement, selon l’établissement ou le produit où elle est placée. Des solutions comme l’application Rift, créée par LITA.co la plateforme européenne d’investissement participatif dédiée à l’entrepreneuriat social et au développement durable, permettent justement de le mesurer en fonction des produits et des établissements bancaires choisis. L’application peut indiquer à l’utilisateur quels secteurs sont financés par son épargne et elle calcule son impact carbone en kilogrammes de CO2 émis par an. Elle identifie même les domaines dits « sensibles » et ne manque pas d’alerter quand il s’agit de l’armement ou des énergies fossiles.

Le développement de ces outils de mesure devrait être soutenu par les évolutions apportées par l’intelligence artificielle et pourrait répondre à l’appétence grandissante des clients pour une consommation plus responsable au quotidien. On peut donc facilement imaginer que les banques traditionnelles seront encouragées à investir dans ce type de service et suivre ainsi le chemin déjà tracé par les jeunes pousses de l’investissement responsable, telles que Helios, Green Got ou Only One.

Julia Jaquin, Consultante Senior et Jennifer Attal, Project Manager Square Management.

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