Le Courrier Financier
– le 17 avril 2023
La faillite soudaine de cet établissement bancaire, classé seizième banque américaine en 2022, a pris de cours les investisseurs comme leurs clients, et remet en cause la politique monétaire décidée et appliquée par la Fed (Federal Reserve System, la banque centrale américaine), dans un contexte économique instable à forte inflation.
Ainsi, dans un tel environnement économique, la hausse des taux directeurs par les banques centrales est-elle toujours la solution miracle ? Comment une banque aussi importante en termes de dépôts (189 milliards de dollars en 2023) a pu faire faillite ?
Engouement pour le secteur de la tech en 2021
La SVB étant l’un des acteurs majeurs dans le financement de cette activité, était fortement contributive dans la gestion de ces liquidités perçues par ces entreprises. Elle était de fait très fortement exposée à ce secteur, qui est par nature relativement volatile et donc plus risqué, puisqu’il dépend fortement de données macroéconomiques comme les taux d’intérêts ou l’inflation.
L’engouement majeur des différents investisseurs pour ce secteur d’activité a permis à la SVB de dégager un excédent important de liquidités, qu’elle décide de sécuriser via par exemple l’acquisition d’obligations souveraines américaines, réputées comme étant à rendement faible mais surtout à un niveau de risque bas.
La forte inflation met à mal les startups
Malheureusement, cette hausse n’est pas sans conséquences pour certaines entreprises. Surtout pour le secteur de la tech, qui a été fortement impacté par ce resserrement monétaire : plans sociaux de grande ampleur chez Meta ou Snap, ou encore une forte baisse de la demande pour les semi-conducteurs. Les niveaux de capitalisation boursière marquent l’arrêt, et les levées de fonds pour ces start-up se raréfient, obligeant ces mêmes entreprises à piocher dans leur trésorerie pour régler leurs coûts fixes.
Face à un tel niveau de retrait, et pour une banque autant exposée au secteur de la tech, la SVB se trouve contrainte à dégager de la liquidité et décide donc de vendre ses bons du trésor américain à un moment critique pour l’établissement bancaire : elle accusera après ses ventes une moins-value de quasiment 2 milliards de dollars. Cette perte est notamment due à la hausse d’intérêts récemment décidée par Jerome Powell, président du conseil des gouverneurs de la Fed depuis 2018. Conséquence directe, une baisse des prix des obligations déjà émises.
Conséquences des hausse des taux directeurs
Mais cette politique peut créer d’autres risques, et notamment le risque de contagion. Même si les banques européennes, par exemple, restaient faiblement exposées à la SVB, le risque de crise systémique plane tout de même. Cela entraîne un sentiment de méfiance important sur les marchés financiers, contribuant à une instabilité sur les places financières européennes : le titre BNP Paribas perdait quasiment 7 % de valeur ce lundi 13 mars.
Au vu du niveau d’inflation actuel, cette stratégie de hausse des taux fait douter bon nombre d’investisseurs, qui craignent même que les taux continuent d’augmenter de manière indéfinie. Alors que les valeurs bancaires se fragilisent, la BCE a notamment décidé de maintenir sa politique et hausser une nouvelle fois d’un demi-point ses taux. Nous pouvons donc nous demander jusqu’à quand cette hausse va-t-elle continuer, tant l’inflation mondiale reste complexe à maîtriser tout en maintenant l’objectif de 2 %.
De nouveaux défis pour les banques centrales
Les banques centrales se trouvent ainsi confrontées à de multiples défis. D’une part, atteindre leur cible inflationniste tout en limitant les conséquences de leurs politiques monétaires, d’autre part maintenir la stabilité du système bancaire. La faillite de la Silicon Valley Bank en est la parfaite illustration…
Par Alexandre Grauzam, Consultant Square Management.
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