MoneyVox
– le 2 décembre 2020
Un modèle économique pas encore rentable
Des services qui manquent
D’autre part, la plupart des néobanques pour professionnels (Shine, Qonto), ne disposant pas de l’agrément d’établissement de crédit, sont dans l’incapacité de proposer aux entreprises les précieux PGE (Prêts Garantis par l’Etat). Un handicap majeur pour les néobanques spécialisées dans le secteur des professionnels qui manquent pour la plupart de fonds en cette période.
Des alternatives pour survivre
Si les néobanques ne sont pas rentables à date, plusieurs alternatives s’offrent à elles pour passer à la vitesse supérieure :
- Se placer en réelles concurrentes des banques pour atteindre le volume critique en tant que banque principale, grâce à une offre de service bancaire beaucoup plus étendue, avec des livrets d’épargne, chéquier, ainsi que de l’offre de crédit. Cependant l’acquisition de l’agrément de crédit les ferait tomber sous des réglementations beaucoup plus contraignantes, dont l’exigence de fonds propres.
- Si assez spécialisée et apportant une réelle offre ou technologie différenciante, une néobanque peut envisager une absorption ou un partenariat avec une grande banque, ce qui est le destin d’un grand nombre de fintechs spécialisées dans les services financiers. C’est le cas de Shine, challenger dans les néobanques dédiées aux professionnels, et rachetée en juin par la Société Générale. JP Morgan a également profité de son investissement dans la néobanque Greenlight, pour lancer son offre de compte pour mineurs Chase. En définitive, la néobanque abandonne sa position de concurrent et se range au même niveau qu’une banque en ligne, à l’image de Boursorama ou Hello Bank. Si l’absorption de ces entités souvent encore non rentables peut sembler risquée pour les acteurs bancaires traditionnels, elle est néanmoins indispensable pour se réinventer et conserver leur position de marché chez les millennials.
- Un positionnement en tant que fournisseur de services et non plus en tant que concurrent des banques traditionnelles pourrait constituer une porte de sortie plus intéressante pour les néobanques : en monnayant des services innovants aux acteurs traditionnels comme leur technologie inégalable d’expérience client ou la numérisation de tout type d’opérations bancaires, elles pourront apporter une différence sur le marché et surtout, créer un business model rentable. Pumpkin a ainsi mis au service de CFCAL (Crédit Foncier Communal d’Alsace et de Lorraine) son savoir-faire dans l’expérience client sur application et dans les solutions de cashback pour le lancement de la banque de crédit et sa nouvelle activité de Bank-As-A-Service auprès des grandes enseignes de distribution.
- Une alliance voire absorption par d’autres acteurs que bancaires mais non moins puissants, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), est un scénario de plus en plus envisageable. Ces fleurons technologiques chinois s’intéressent en effet de près aux néobanques à l’instar de Tencent, célèbre propriétaire de WeChat, désormais investisseur de N26 et Lydia. Déjà présent dans les services financiers, il y a fort à parier que Tencent envisage ces investissements comme une opportunité de pénétrer le marché européen encore dominé par les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple). Par la même occasion, l’offre des néobanques serait enrichie avec les propres services de crédit et d’assurances dont disposent déjà Tencent.
Force est de constater qu’après plus de 5 ans d’existence pour la plupart, les néobanques n’ont pas récolté les fruits de leur stratégie de compétitivité prix. Plus qu’une banque bon marché, les collaborateurs recherchent une banque plus complète et solide en termes de services. Que ce soit via une croissance interne, externe ou un partenariat, il faudra que les néobanques se réorientent pour survivre, si ce n’est pas déjà trop tard.
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