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Economie Matin

– le 28 décembre 2021

En 2002, lors du IVème Sommet de la Terre tenu à Johannesburg, le Président Chirac a déclaré “Notre maison brûle et nous regardons ailleurs(1).”. En 2020, face aux membres de la convention citoyenne pour le climat, le Président Macron a rappelé “L’urgence est là.(2)” En effet, en cette période charnière post COP26(3), celle-ci se fait ressentir et notamment à l’approche des fêtes de fin d’année.

Au-delà des discours, les gouvernements ont mis en place des actions visant à mesurer et à réduire l’empreinte environnementale des entreprises. Puisqu’une entreprise est une unité de production de biens et de services à destination de clients, une question se pose alors : comment les entreprises peuvent-elles diminuer leur impact environnemental en invitant leurs clients à adopter une consommation éco-responsable durant les fêtes de fin d’année ?

Concilier emballage, décoration et environnement

Les emballages utilisés durant les fêtes ne sont pas toujours recyclables. C’est notamment le cas des papiers cadeaux, qu’ils soient pailletés ou métallisés. Afin d’éviter la surconsommation et de réduire les émissions de CO2, des entreprises proposent des alternatives. Certaines s’emploient à éliminer les emballages dès que possible, mais également à sélectionner des matériaux plus respectueux de l’environnement. Raja, leader européen de la distribution d’emballages est un exemple : il propose des produits réutilisables, à partir de bois ou encore de matériaux recyclés. Leurs initiatives sont visibles par le consommateur à l’aide des certifications PEFC ou FSC(4) permettant de repérer les produits éco-responsables et de garantir une gestion durable des forêts, et par conséquent de lutter contre la déforestation.

Côté décorations, de nombreuses marques proposent des guirlandes et boules de Noël eco-friendly et made in France, des options à favoriser. Contrairement aux idées reçues, les sapins naturels ne contribuent pas à la déforestation, ceux-ci étant issus de plantations spécifiques, et présentant des effets positifs sur l’environnement car absorbent du CO2. D’après l’étude(5) comparative de la société Ellipsos, ils sont à privilégier aux sapins artificiels, difficilement recyclables et qui requièrent près de vingt ans d’utilisation pour que leur empreinte carbone égale celle des sapins naturels. Ces derniers, s’ils sont déposés dans des points de collecte, peuvent être recyclés et servir à enrichir les sols et espaces verts sous forme de compost ou de broyat. Une autre alternative : ils peuvent être rapportés en jardinerie, un service proposé par des enseignes comme Truffaut.

Limiter l’impact dû au trafic de livraison

La hausse des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) générées par les transports durant les fêtes est considérable, à l’approche de Noël, c’est près de 8 millions de colis qui sont livrés chaque jour en France(6). Une manière de diminuer les émissions de GES engendrées par ces livraisons serait d’encourager le consommateur à opter pour l’option click & collect et la livraison en point relais. De plus, appliquée aux centaines de millions de colis livrés, l’économie d’émissions de GES sur le “dernier kilomètre” de livraison est considérable(7). Une alternative à impact neutre serait d’opter pour des livraisons en vélos et cargo-cycles.

Le transport du vide représente près de 122 millions de tonnes de dioxyde de carbone émises par an selon l’étude de DS Smith(8), et est accentué pendant les fêtes. En moyenne, près de la moitié du volume de nos colis est vide(9) et la capacité des véhicules de livraison en est limitée, engendrant des déchets inutiles qui ne seront pas forcément recyclés par les consommateurs. En optimisant la taille des colis, les entreprises pourraient à la fois réduire production de déchets et émissions de GES.

Offrir responsable

D’après l’ADEME(10), la production d’un smartphone requiert l’utilisation de 183 kg de matières premières et émet 33 kg de CO? (équivalent à un trajet Paris-Le Havre en voiture). Une façon de réduire l’impact environnemental engendré par les fêtes serait d’encourager une consommation raisonnable en matière de cadeaux.

L’impact d’un produit reconditionné est en moyenne 3 fois inférieur à celui d’un produit neuf(11), les enseignes pourraient proposer davantage de produits d’occasion (à l’instar de Fnac Darty) afin d’encourager les consommateurs à offrir de tels produits plutôt que d’alimenter la tendance consumériste.

Aujourd’hui, certaines marques commercialisent des cartes cadeaux donnant accès à des produits éthiques et solidaires. Elles proposent également de plus en plus de présents dématérialisés comme des instants loisirs, culturels ou tout simplement un don aux associations. Offrir un “moment” est parfois moins coûteux pour l’environnement, à condition qu’il ne s’agisse pas d’un voyage à l’autre bout du monde !

Si les comportements tendent vers des actions plus responsables, les efforts pour réduire les impacts environnementaux occasionnés par les entreprises et leurs activités demeurent insuffisants. En effet, durant les périodes de fêtes, la tendance est à la surconsommation, notamment due à des campagnes marketing toujours plus nombreuses. Il y a quelques mois, l’économiste Philippe Moati, affirmait dans les colonnes du Monde(12) : « Les actions des entreprises ne paraissent pas à la hauteur de leur responsabilité. » mais, la responsabilité repose-t-elle uniquement sur les entreprises ? En tant que consommateurs, devenons acteurs, et adoptons une démarche responsable.

1 Jacques Chirac, Le Parisien, « Notre maison brûle », 2002.

2 Emmanuel Macron, Réponse du Président de la république aux membres de la convention citoyenne pour le climat, Juin 2020.

3 La COP 26 s’est tenue à Glasgow en Novembre 2021. Les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques y ont discuté d’actions communes pour faire face à l’urgence climatique.

4 Certifications forestières

5 Ellipsos, Analyse du cycle de vie comparative entre l’arbre artificiel et l’arbre naturel pour guider le consommateur vers un choix écologique d’arbre de Noël, 2009.

6 Nivin Potros, Black Friday, Noël… Acheter sur internet coûte cher à la planète, LCI, Novembre 2021.

7 The Future of the Last-Mile Ecosystem, World Economic Forum, Janvier 2020.

8 L’économie de l’espace vide, DS Smith.

9 Écologie : en finir avec le vide des cartons, FranceTV, Janvier 2019.

10 Flore Berlingen, Inédit: La « face cachée » de nos objets dévoilée par l’ADEME, Septembre 2018.

11 Neuf v.s. reconditionné : l’impact environnemental de l’industrie tech, BackMarket.

12 Philippe Moati, Environnement : « Les actions des entreprises ne paraissent pas à la hauteur de leur responsabilité», Le Monde, Septembre 2021.

Par Kézia Kobana et Noor Bakary, consultantes chez Square.

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