Le Courrier Financier
– le 09 novembre 2022
Après cette crise d’autres cycles, coups d’arrêt et relances rythmeront l’histoire de la construction européenne. Depuis le début de l’année 2022, la chute de l’euro, les attaques sur la dette italienne, ainsi que les potentielles coupures de gaz russe l’hiver prochain, sont autant de sujets qui menacent l’unité européenne.
Confiance érodée des marché vis-à-vis de la BCE
Le 4 Juillet dernier, Joachim Nagel président de la Banque Fédérale d’Allemagne a mis en garde la Banque centrale européenne (BCE) contre toute tentative visant à faire baisser les coûts d’emprunt des pays du Sud de la zone euro (Espagne, Italie, etc.) faisant apparaître ainsi des dissensions au sein de la BCE.
Le 21 Juillet dernier, la BCE a annoncé la hausse de 0,5 point du taux d’intérêt directeur avec le double objectif de lutter contre l’inflation en zone euro (8,9 % en juillet 2022) et tenter de limiter la chute de l’euro. Pour l’économiste Nicolas Baverez cette hausse des taux d’intérêt est intervenue trop tardivement pour limiter les effets de l’inflation importée due en grande partie à l’augmentation des prix de l’énergie.
La hausse des taux va peser sur les dettes souveraines
Les prochaines élections législatives anticipées du 25 septembre prochain en Italie qui représente 15 % du PIB européen font plonger l’Europe dans l’incertitude. La dette publique Italienne (150 % du PIB en 2021) devrait inexorablement augmenter avec la hausse des taux.
Si lors de ces prochaines élections, le choix des Italiens se porte sur une une formation politique issue des extrêmes est-ce que les marchés testeront la réaction de la BCE vis-à-vis de l’Italie en augmentant les taux d’emprunt ?
Est-ce que l’Allemagne soutiendra l’action de la BCE pour sauver l’Italie d’une attaque des marchés alors que L’Italie a déjà bénéficié de 195 milliards d’euros — premier pays bénéficiaire — lors du plan de relance européen post Covid ?
L’Europe restera-t-elle unie en cas de crise énergétique ?
Si au début de la guerre en Ukraine, l’Europe a affiché son unité au sujet de la stratégie énergétique, depuis quelques semaines des dissensions apparaissent. La Hongrie a décidé d’augmenter les livraisons de gaz russe et le Portugal et l’Espagne refusent de baisser leur consommation de gaz de 15 % comme le prévoit le plan de Bruxelles. En Allemagne, le chancelier Olaf Sholz a pour la première fois ouvert la porte à une prolongation de l’utilisation des dernières centrales nucléaires du pays pour faire face au risque de pénurie.
Dans les prochaines semaines les pays Européens risquent donc d’être confrontés à des crises et défis majeurs. Comme en 2012 lors de la crise de la dette grecque et la création du mécanisme européen de stabilité — permettant de sauver en urgence un état en grande difficulté — les membres de la zone euro resteraient ils une nouvelle fois unis dans la réponse à apporter ?
En cette rentrée 2022, la maxime de Jean Monnet reste encore complètement d’actualité.
Par Jonathan Corcos, Senior Manager Square Management.