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Le Monde

– 18 juin 2023

Dans cet article, on portera notre attention sur les plateformes métaverse, afin de déterminer quelle option est la plus avantageuse pour les entreprises : plateformes privées, publiques …

Le cheptel bovin français présente un cas pratique du dilemme de la transition juste, note, dans une tribune au « Monde », le consultant en stratégie durable Franck Amalric, qui cherche à concilier les objectifs climatiques et le mode de vie des accros au steak frites qui sont bien souvent aussi les moins aisés financièrement.

Dans un rapport sur les aides publiques aux éleveurs de bovins, publié le 22 mai, la Cour des comptes préconise au gouvernement de « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques ». Selon la Cour, ces objectifs ne pourront pas être atteints sans une baisse du cheptel, qui représente environ 9 % des émissions en France. Le sujet est un cas d’école qui illustre la nécessité d’agir « tous ensemble » que la première ministre Elisabeth Borne a eu l’occasion de répéter à de multiples reprises ces derniers mois.

Ce « tous ensemble » signifie que l’acteur de la transition ne peut pas être un type d’acteur en particulier – l’Etat, les entreprises ou les individus – mais tous ces acteurs ensemble, animés par une vision commune. En termes économiques, cela veut dire que la transformation d’un secteur comme celui de l’élevage ne peut avoir lieu qu’au travers d’une évolution cohérente et quasiment simultanée de l’offre et de la demande.

Faisons un rapide tour des acteurs impliqués ici : l’Etat et la Commission européenne agissent ici par l’intermédiaire des subventions aux éleveurs ; les éleveurs et toute la filière sont responsables de l’offre ; et les individus, ainsi que divers autres acteurs (entreprises, collectivités locales par exemple), participent à la formation des normes sociales en termes de consommation de viande et donc de la demande.

Déplacer le problème

Nonobstant la position de la Cour des comptes, la seule action de l’Etat ne peut pas produire de résultat satisfaisant. Une baisse de l’offre nationale de viande bovine, correctement planifiée ou non, entraînera, toutes choses égales par ailleurs, soit une augmentation des importations pour compenser la baisse de la production en France, soit une augmentation des prix, soit un mélange des deux.

Dans le premier cas, l’action de l’Etat ne fera que déplacer le problème. Certes, les émissions de gaz à effets de serre en France baisseront, mais les émissions au niveau mondial resteront inchangées puisque d’autres pays augmenteront leur cheptel pour répondre à la demande française.

Les éleveurs en France pourront alors faire valoir que leurs efforts ne servent qu’à enrichir leurs concurrents internationaux, et il sera alors bien difficile d’apaiser la colère qu’ils exprimeront. Le comble des paradoxes serait alors que l’Etat intervienne pour compenser leurs pertes, car cela reviendrait à subventionner le creusement du déficit de notre balance commerciale.

Une sobriété par la contrainte ?

Dans le cas d’une augmentation des tarifs, l’équilibre entre offre et demande se réaliserait en imposant un régime moins carné aux personnes les moins aisées financièrement par une augmentation des prix de la viande. La sobriété serait ainsi imposée par la contrainte budgétaire des ménages, c’est-à-dire par une baisse du pouvoir d’achat.

Là aussi, on peut déjà anticiper la colère des accros au steak frites national. Et qui pourrait le leur reprocher, alors même que les personnes les moins aisées financièrement sont également les personnes qui émettent le moins de gaz à effet de serre ? Il n’y a donc pas de solution satisfaisante en agissant uniquement sur l’offre. Y en a‑t-il en se focalisant sur la demande ?

Nous pourrions imaginer, par exemple, une campagne nationale incitant les Français à manger moins de viande, une campagne sur la sobriété carnée à l’instar de celle déployée sur la sobriété énergétique en 2022. Si elle porte ses fruits, cette campagne entraînera une baisse des prix, et donc une baisse des revenus pour les producteurs et les autres acteurs de la filière.

Mais pourquoi ces acteurs-là devraient-ils accepter de supporter le coût de la transition? Et est-ce qu’une telle campagne est envisageable à une époque où les populismes sont si prompts à saisir toute opportunité politique pour avancer leurs pions ? Une règle générale émerge de cette brève analyse. La transformation d’un marché par l’offre ou par la demande affecte les prix qui servent de courroie de transmission entre ces deux dimensions du marché.
Or c’est justement ce mouvement des prix, à la hausse ou à la baisse, qui génère un sentiment d’injustice, fondé sur la perception que les efforts ne sont pas équitablement répartis, et qui est susceptible de déclencher une résistance sociale à la transition.

Le défi pour réaliser une transition juste serait alors de réussir à faire évoluer de manière cohérente l’offre et la demande sans jouer sur les prix. La cohérence de la démarche s’évalue justement dans la capacité à réduire les volumes (ici de production et de consommation de viande) tout en maintenant une certaine stabilité des prix afin de soutenir les revenus (par bovin) et l’accès à la consommation de viande pour tous.

Les types de plateforme

Ce qu’il convient de faire pour relever ce défi est simple à exprimer : il s’agit de piloter une transformation des normes sociales de consommation (vers des régimes moins carnés) en même temps que de piloter la transition d’une filière agricole et industrielle.

Mais comment réussir ce double pilotage en pratique sans avoir recours aux prix comme courroie de transmission? Comment utiliser, de manière complémentaire et cohérente, des leviers d’actions indépendants, activés par des acteurs différents et aujourd’hui non coordonnées, dont certains agissent sur l’offre et d’autres sur la demande. Pour cela, il faut inventer de nouvelles modalités de gouvernance au service de la transition.

Par Franck Amalric, Principal chez Square Management.

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