L’info durable
– le 30 juin 2020
Cette transformation des banques vers la Finance Durable représente un défi au moins aussi grand que celui que les banques ont traversé pour s’adapter au monde de l’après-crise financière de 2008.
Ce défi suppose de pouvoir faire face aux modifications réglementaires qui vont accompagner cette transformation. En Europe, sous l’impulsion de la Commission européenne, ces modifications, qui sont intégrées dans le « Pacte Vert pour l’Europe », seront très importantes et impacteront de nombreux métiers ou fonctions de la banque (gestion d’actifs, conseil en investissement, calcul des fonds propres…). Pour se mettre en conformité, les banques devront s’organiser et conduire des chantiers transverses complexes qui doivent être anticipés et préparés bien avant les dates d’entrée en vigueur des nouvelles réglementations. Le « choc » réglementaire de la Finance Durable sera en effet au moins aussi fort que l’avalanche réglementaire qui a frappé les banques sur les sujets de KYC (Know Your Customer) ou de lutte contre le blanchiment depuis 2008. Les banques ont tout intérêt à avoir une démarche d’anticipation et de préparation plutôt que d’attentisme.
Ce défi suppose également que les banques gagnent la bataille de la réputation et de la crédibilité aux yeux de leurs parties prenantes. De considérables avancées ont été réalisées ces dernières années par les grandes banques européennes, et françaises en particulier, dans le cadre de leur politique d’engagements volontaires. Ces engagements portent sur l’ensemble des éléments ESG, mais c’est surtout sur les engagements en matière climatique que la bataille de la réputation va se jouer. Dans ce domaine, le débat public va, de manière inévitable, considérer que l’impact des banques sur le climat doit être mesuré non seulement au regard de leur activité propre, mais également au regard des activités dans lesquelles elles investissent ou qu’elles financent. Cette approche pose de considérables défis méthodologiques et de calcul ; les banques ne doivent pas se cacher derrière ces difficultés et justifier une approche défensive dans laquelle elles ne se considéreraient engagées que sur leurs émissions directes. Elles doivent au contraire, dès à présent, réfléchir aux modalités grâce auxquelles elles pourront calculer et communiquer de manière fiable sur leurs émissions de gaz à effet de serre liées à l’ensemble de leurs activités, y compris les activités qu’elles supportent indirectement par le biais de leurs investissements ou de leurs financements. C’est dans ce cadre qu’elles pourront porter haut leur engagement au profit d’une Finance Durable.
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