Journal du Net
– le 1er avril 2022
L’engrenage de la hausse continu des matières premières et de l’effondrement des marchés boursiers et des profits ouvre les yeux sur la vulnérabilité criante des entreprises françaises qui ont, pour la plupart, des activités et des participations russes. Comment en est-on arrivés là ? Cette situation aurait-elle pu être anticipée et peut-on minimiser les pertes ?
Les entreprises se retrouvent aujourd’hui dans une situation quelque peu similaire, acculées par la fuite en avant des prix de leurs intrants d’une part, et de leur dépendance à la Russie pour leur fourniture d’énergie d’autre part, à défaut de pouvoir compenser par d’autres alternatives. Les matières premières affichent une hausse en continu depuis le déclenchements des hostilités et le 7 mars, le Brent atteint presque les 140 dollars, et la hausse de 17% sur le gaz se répercute notamment sur le blé et les métaux (nickel, cuivre, aluminium, zinc).
Résultat : effondrement du cours de bourse et engrenage chute des profits-hausse des coûts. Le 24 février dernier, le CAC 40 perd plus de 4% à l’ouverture ; à titre d’exemple, la Société Générale, fortement exposée via sa participation majoritaire à sa filiale russe Rosbank, s’effondre de plus de 11% le 7 mars. L’impasse dans laquelle se trouve ces entreprises nous amène à questionner leur dépendance : comment en sont-elles arrivées à un tel degré de vulnérabilité ? N’ont-elles pas tiré les leçons de la crise COVID ?
Nous l’avons vu avec les chocs précédents (crise financière de 2008, COVID), les entreprises qui avaient mis la résilience au cœur de leur pilotage stratégique ont pu anticiper et amortir le choc sur leur performance, voire l’augmenter pour celle qui ont su tirer profit de la crise. Ces entreprises résilientes savent en effet pivoter en reconfigurant leur stratégie et leur modèle d’affaires associé, pour s’appuyer sur d’autres leviers de performance que ceux affectés par le choc, et en développer de nouveaux.
Il convient donc de réfléchir en termes de valeur pour développer la résilience et l’autonomie stratégique, et s’y appuyer pour piloter la performance et la maintenir, ou l’augmenter, même en cas de choc. La tragédie de la crise actuelle, espérons-le, pourra servir de déclic pour que les entreprises remette enfin la valeur au cœur de leur stratégie.
Par Anna Souakri, Chercheure Square.
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