JDN
– le 24 Juillet 2023
Metaverse sans conscience n’est que ruine de l’homme. Tel pourrait être le verdict du développement d’un univers dont les enjeux et problématiques soulèvent de nombreuses interrogations. Le Metaverse est un terme utilisé pour décrire un environnement virtuel persistant et en réseau qui combine le monde réel avec des mondes virtuels. Il est souvent associé à la réalité virtuelle, à la réalité augmentée et aux jeux en ligne multijoueurs. Le terme Metaverse a été inventé par Neal Stephenson dans son roman Snow crash en 1992. Mark Pesce co-invente le langage de balisage VRML (Virtual Reality Modeling language) et en parle dans son article sur l’architecture des mondes virtuels : « Comme les drogues psychédéliques, la réalité augmentée agrandit les perceptions et l’expérience humaine » dans les années 2000.
En mars 2021, la société de vente aux enchères Christie’s a vendu une œuvre de Winkelmann 100% numérique pour 58 millions de dollars contre un certificat d’authenticité, un NFT (Non-fungible Token), enregistré sur la Blockchain.
Est-il possible d’y voir une évolution de l’e‑Art ? Se pose à cela, la question de la propriété et de l’identité. Sur le Metaverse, on se construit une « e‑identité ».
Est-il plus accessible d’acheter un sac Prada à son avatar, plutôt qu’à son personnage réel ? Eprouvons-nous la même satisfaction et la même expérience utilisateur ? Le Metaverse soulève de nombreuses possibilités passionnantes, mais également des défis et des questions éthiques. Il offre de nouvelles opportunités en termes de divertissement, de commerce, d’éducation, de collaboration et de communication. Cependant, il soulève des préoccupations telles que la protection de la vie privée, la sécurité des données, l’accessibilité, l’équité, l’impact sur la société et la dépendance excessive à la technologie.
BlackRock, le fonds d’investissement le plus grand au monde, a investi 50 milliards dans les Metaverses et 400 millions dans un fonds destiné à représenter un portefeuille d’actions tiré du secteur des metaverses. Il a créé un fonds dédié à la technologie de la réalité virtuelle et augmentée qui ne sera pas ouvert aux investisseurs individuels. Il s’agit d’une première étape vers une entrée massive des investisseurs institutionnels dans le secteur. Le fonds offre également une garantie vis-à-vis des investisseurs : celui-ci ne peut être composé que de sociétés cotées, aucune monnaie virtuelle n’est admise en portefeuille. L’investissement le plus important du fonds s’est fait dans la société américaine Epic Games, créatrice du jeu vidéo Fortnite. Epic Games est valorisé 17,3 milliards de dollars.
Il s’agit d’un réél progrès et les investissements ont déjà commencé, même si Meta semble avoir levé le pied en 2023 après plus de 12 milliards engloutis en 2022 dans ses projets Metaverse. Néanmoins, avec ou sans nous, cette évolution semble inévitable. Assister à un concert à distance avec son avatar, faire du sport de son canapé, aller au cinéma avec une version plus jeune, plus belle et plus intelligente de soi ne fera pas réver chacun d’entre nous de la même manière. Il nous faudra juste placer la barrière à un niveau qui permettra de ne pas perdre l’humain qui est en chacun de nous.
Par Ingrid Cohen Benayoun, Senior Manager chez Square Management.
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