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Les GAFAM sont ancrés dans les moeurs sociales et numériques des internautes. Par exemple, une étude de StatsCounter démontre que Google détient 91,99% de parts de marché des moteurs de recherche en France en 2021, Bing se hisse à la seconde place avec seulement 3,77% de parts de marché. En se positionnant comme leaders incontestables sur leurs marchés respectifs, les GAFAM possèdent une large banque de données utilisateurs à exploiter. Ces données utilisateurs permettent de générer annuellement plusieurs milliards de dollars, une étude Statista* dévoile que Facebook (83%) et Google (99%) génèrent la quasi-totalité de leurs revenus grâce à la publicité en ligne.
C’est d’ailleurs cette exploitation des données à des fins commerciales sans information et transparence pour l’internaute qui conduira la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) à condamner Google et Amazon en 2019 à des amendes respectives de 100 millions et 35 millions d’euros pour avoir enfreint la législation française sur les cookies. La CNIL française et ses homologues, formant le Comité Européen de la Protection des Données, mènent un combat sans relâche pour faire respecter le Règlement Européen sur la Protection des Données (RGPD) entré en vigueur le 25 mai 2018.
La problématique identifiée étant l’exploitation massive et abusive de la donnée des citoyens numériques par des entreprises, l’hypothèse d’autogestion de la donnée du citoyen numérique devrait être mise sur le devant de la scène.
A l’heure du numérique, les citoyens se questionnent sur l’exploitation de leurs données personnelles sur Internet, Odexa, un institut d’études indépendant, évoque le terme de « crise de confiance ». Dans leur étude menée en Janvier 2021 sur la protection des données personnelles sur Internet, plusieurs chiffres clés émergent. Sur un échantillon de 970 personnes, 70% des Français interrogés sont préoccupés par les informations collectées par les sites web lorsqu’ils surfent sur Internet ou effectuent des achats en ligne, 71% des Français ont le sentiment que leurs données personnelles qu’ils communiquent sur Internet sont mal protégées. L’étude met également en exergue la méfiance des Français, 70% des personnes interrogées auraient une très forte méfiance à l’égard des GAFAM, une méfiance probablement justifiée par les nombreuses affaires de contentieux à l’encontre des géants américains.
Dans ce climat de méfiance, des entreprises d’un tout nouveau type émergent comme Tadata, Reklaim ou Datacy. Elles proposent aux internautes de partager les données personnelles qu’ils souhaitent en l’échange d’une rémunération. Sur Tadata et selon la rareté du profil, un prospect peut toucher entre 3€ et 10€ lorsqu’il est ciblé par des annonceurs. Cette rémunération varie en fonction des données que l’utilisateur souhaite partager, elle peut être financière ou matérielle. Ce n’est pas le fait de valoriser la donnée qui est révolutionnaire mais plutôt la possibilité de partager sciemment sa donnée et d’en tirer un revenu. Le point commun de ces trois start-ups est de proposer un complément de revenu à leurs utilisateurs via une application user-friendly et en tout point transparente avec l’utilisation de leurs données. Avec ce nouveau type de services, le citoyen numérique peut redevenir le principal propriétaire, gestionnaire et bénéficiaire de sa propre donnée.
L’hypothèse de la montée en puissance de ces « chevaliers blancs » du Web pourrait perturber l’actuel business model des cinq géants américains. Si ce nouveau type de service parvient à séduire les internautes, il faudra s’attendre à un sursaut des GAFAM.
En suivant cette hypothèse, les cinq leaders pourraient être forcés de proposer un service similaire. Google ou Facebook, principaux collecteurs et revendeurs de données sur le Web, pourraient par exemple verser aux internautes une compensation, pouvant se formaliser par un revenu financier ou des offres chez des partenaires. Un phénomène de raréfaction de la donnée utilisateur devrait être observé puisque les internautes seront décisionnaires de la gestion de leur donnée. Logiquement, une répercussion devrait se ressentir sur les prix des données revendues aux entreprises souhaitant exploiter ces informations pour faire de la publicité.
Une hypothèse win-win tant pour les internautes que pour les entreprises qui, à ce jour, peut être qualifiée d’utopie. Chaque ère est chamboulée par une révolution, le règne des rois du numérique se fera-t-il renverser par les internautes ?
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