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La Tribune

– le 22 juillet 2022
Le changement climatique, dont nous sommes les principaux acteurs, apporte son lot de transformations et de remises en question des paradigmes en place. Si traditionnellement il est perçu sous le prisme du risque qu’il fait encourir aux acteurs économiques, il est également porteur de nouvelles opportunités.

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Du risque à l’opportunité, tout n’est qu’une question de vision. Au cours des XIXe et XXe siècles, l’entreprise était considérée comme un simple acteur économique, dont le seul but était de créer de la valeur — via la production de biens et services — grâce aux facteurs de production. Or, parce qu’elle utilise des ressources environnementales et parce qu’elle joue un rôle social incontestable, cette conception de l’entreprise est loin d’être suffisante. C’est ainsi que le développement de la RSE rebat les cartes en intégrant deux volets supplémentaires pour une approche holistique de l’entreprise : environnemental et social. Si les entreprises s’engagent de plus en plus sur le terrain de la RSE, pour des raisons variées (par engagement réel pour ces causes ou pour correspondre aux nouvelles attentes des clients ou investisseurs), le risque climatique apparaît comme un nouvel élément perturbateur pour celles-ci (1). Le risque physique a, par exemple, une grande influence sur toute la production de produits alimentaires, en altérant la chaîne dès son premier maillon. Les sécheresses et les inondations (pour ne citer que ces catastrophes naturelles), de plus en plus régulières et virulentes, ont pour impact direct de détruire tout ou partie des récoltes, entraînant mécaniquement des tensions sur le marché des matières premières. C’est pourquoi des indicateurs de mesure de risque sont particulièrement pertinents pour pouvoir suivre l’impact de ces changements climatiques sur l’activité de l’entreprise. Toutefois, dans cette logique, le changement climatique ne peut être appréhendé que sous le prisme d’un risque — nouveau — à prendre en compte. En changeant la vision que l’on porte sur le changement climatique, il devient possible de transformer ce risque en véritable opportunité.

Réinventer le modèle économique

Les opportunités induites par les changements climatiques ne pourront exister que si les entreprises acceptent de réinventer leurs business models. Face à l’urgence de ces problématiques, certaines initiatives sont nées. Ces solutions ont été élaborées sur la base d’un changement de paradigme concernant la production et la consommation. A ce titre, l’économie circulaire (2) agit directement sur l’aspect “production” en sortant d’une logique linéaire (extraire, transformer, consommer, jeter) et en orientant la production dans un système de boucle où les outputs (les déchets) deviennent les inputs. L’économie de service (3) et l’économie collaborative (4) s’attaquent plutôt à la dimension “consommation”, en encourageant respectivement la mise en service de certains produits (location) et la mise en commun des produits / services. Dans tous ces scénarios, le bénéfice direct pour les entreprises est une amélioration des procédés (valorisation des déchets, développement technologique et humain…), une amélioration de la réputation (compte tenu des courants de pensées actuels qui vont dans ce sens) et, bien entendu, l’accès à de nouvelles cibles de marché qui viendront renforcer et consolider ce cercle vertueux (5). Autrement dit, ces nouvelles visions montrent qu’il est possible de faire coïncider des initiatives stratégiques à la fois économiquement viables et bénéfiques pour l’environnement. Toutefois, les entreprises doivent être accompagnées : elles ne sont pas les seuls acteurs du système économique et de son changement. Ainsi, le comportement d’achat des consommateurs a également tendance à se modifier ces dernières années en prenant exemple sur ces nouveaux modèles. Acheter d’occasion, trouver de nouvelles fonctions aux produits, donner… sont autant d’alternatives à l’achat de produits neufs. L’état et en particulier la réglementation est un autre levier intéressant pour impulser ces changements en mettant en place un système de bonus / malus, fonction des indices de réparabilité et à horizon 2024, un indice de durabilité. Au-delà des risques que le changement climatique implique pour le système économique tel que nous le connaissons actuellement, il offre aux entreprises (et plus généralement à tout acteur économique) une raison de se réinventer. Tout l’enjeu désormais est de transformer les modèles d’innovation en de solides habitudes ancrées dans nos comportements afin de rendre profitable un risque inévitable.

Sources

(1) On estime par exemple que les inondations de 2016 ont eu un impact de 1,4 milliard d’euros sur l’activité économique en Ile de France. (Source : https://librairie.ademe.fr/cadic/4883/ademe_recueildiagnosticimpactschangementclimatiquesurentreprise_web_bd.pdf )

(2) L’économie circulaire consiste à limiter le gaspillage et la production des déchets en réinventant la manière de consommer, notamment en sortant du “tout jetable”. Ce modèle économique repose sur la création de boucles de valeurs positives où les matières sont réutilisées avant destruction finale. (source: https://institut-economie-circulaire.fr/economie-circulaire/)

(3) L’économie de service est un modèle économique où la vente de produit devient une activité de service — comme par exemple le passage pour un concessionnaire d’une activité de vente de voitures à une activité de location.

(4) L’économie collaborative est une économie de pair a pair, qui repose sur le partage ou l’échange de biens ou services entre particulier (source : https://www.vie-publique.fr/eclairage/19381-leconomie-collaborative-un-nouveau-modele-socio-economique )

(5) À titre d’exemple, des enseignes comme Ikea ou Decathlon proposent un service “Seconde vie” et reprennent les articles, quel que soit leur état, pour leur offrir une seconde vie. Source : https://www.ikea.com/fr/fr/customer-service/services/buy-back-resell/ et https://secondevie.decathlon.fr/

Par Sarah Daymier, Project Manager Square Management.

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