Environnement magazine
– le 04 novembre 2021
En 2020, à l’aube de la crise sanitaire, nouveau changement de ton, avec un message frappant pour la communauté financière : le risque climatique va intégralement remodeler le fonctionnement de la finance moderne. Il ne s’agit plus d’une opportunité conjoncturelle, mais d’un changement systémique. Message renforcé en 2021, cette fois en pleine crise de la Covid-19: maintenant que nous avons pris conscience de notre fragilité, nous devons agir afin de limiter le réchauffement climatique à +2°C.
Réduire les émissions carbones des portefeuilles d’investissement
Il faut toutefois des outils pour réaliser cet objectif. Cette « Alliance » répond aussi à un besoin marqué, au sein de la communauté financière de pouvoir comprendre plus précisément dans quelle trajectoire de réchauffement climatique s’inscrit chaque portefeuille d’investissement. Pour les acteurs financiers, être capable de modéliser ces trajectoires permettra de constater dans quelle mesure ils participent ou non à atteindre l’objectif global défini lors des Accords de Paris. Plus schématiquement, il faut déterminer quel est le bilan carbone, présent et à venir, des actifs qui composent ces portefeuilles.
Or, la mesure des émissions totales de gaz à effet de serre d’une grande entreprise est un processus complexe, à multiples entrées. A fortiori, projeter les émissions futures de toutes les entreprises d’un portefeuille et faire correspondre ces émissions futures à une trajectoire de réchauffement climatique nécessite de développer une expertise pour laquelle il existe aujourd’hui un débat technique et méthodologique sur la pertinence de ces modèles, qui amène parfois à remettre en question les chiffres communiqués par les acteurs qui se soumettent à cet exercice. A titre d’exemple, la trajectoire de Véolia pour l’année 2100 a été évaluée à 6°C par un acteur et à 2°C par deux autres (Raynaud et al, 2020).
Mesurer, limiter puis éliminer les émissions
Une fois ces réserves levées on peut espérer qu’’à travers cet engagement une nouvelle finance voie le jour. Reste à bien évaluer et maîtriser un risque climatique que la Finance ne sait aujourd’hui pas mesurer, avec comme objectif actuel d’intégrer la limite des +1.5°C et des +2°C dans ses systèmes d’évaluation et de prise de décision.
Pour cela, les professionnels de la finance ont vocation à développer une nouvelle forme d’expertise alliant compétences financières et compréhension fondamentale des scénarios de réchauffement climatiques et de leurs impacts. Sans cette expertise, ceux-ci s’exposent à un risque nouveau : celui de ne plus être pertinent dans le monde d’une finance moderne durable, remodelée par le risque climatique.
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