Chef d’Entreprise
– le 31 mai 2021
Ces formulations de raison d’être qui inhibent la capacité d’innover
Trop de décideurs négligent le fait que la formulation d’une raison d’être est à la fois un pivot entre le passé et le devenir de l’entreprise et le big bang d’une stratégie d’innovation. Pour Kevin Levillain, enseignant chercheur à Mines ParisTech et auteur de l’ouvrage » Les Entreprises à mission » (éditions Vuibert), il est question de » modéliser la mission comme l’ensemble des propriétés des futures stratégies à concevoir”.
Ces formulations de raison d’être qui nient la dimension collective des entreprises
D’une bonne action la démarche sous une forme top-to-bottom devient vite frustrante et fastidieuse en invitant tous les étages de l’entreprise à exécuter plutôt qu’à proposer, à réfléchir en closed innovation plutôt qu’en open innovation. Comment, avec une telle approche auto-centrée, l’entreprise pourrait-elle mieux répondre à des enjeux communs et sociétaux ?
Ces raisons d’être dont on oublie de valoriser l’objectif commun de conception
Pensons par exemple à l’écosystème qu’a mobilisé Apple au moment de faire ses premiers pas dans l’industrie de la musique. Ce common purpose est une forme de mission formulée afin d’engendrer l’adhésion autour d’un futur souhaitable à concevoir. Une raison d’être décorrélée des activités de conception est donc futile, ou pire, contre-productive. La raison d’être doit être identiquement comprise par tous ceux qui y participent.
Nous l’avons vu, derrière l’entreprise à mission apparaissent à la fois des idéaux nobles, des perspectives ambitieuses mais aussi une concrétisation risquée, surtout dans un 21è siècle aux lignes directrices de plus en plus incertaines. La formulation de la raison d’être est l’écueil le plus déterminant, celui qui nécessite la manoeuvre la plus habile pour réellement ouvrir de nouveaux horizons.