Les Echos
– le 22 septembre 2022
Le conflit qui oppose actuellement l’Ukraine à la Russie est révélateur de notre dépendance énergétique vis-à-vis de cette dernière. En France, près de 20 % des approvisionnements en gaz en sont originaires (50 % pour l’Allemagne) . De plus, depuis le printemps 2020, le prix de cette ressource a été multiplié par quatre avant même le début de la guerre. Ces contraintes et les conséquences associées sont le reflet de la dépendance de nos économies aux énergies fossiles.
Choc soudain et prolongé
Face à ce choc, le ‘quoi qu’il en coûte’, véritable credo de la crise sanitaire, ne sera plus de mise. Si le gouvernement français a pris quelques initiatives pour soutenir certains ménages touchés directement, il n’en reste pas moins que le soutien du gouvernement n’est pas soutenable à long terme, notamment à cause de l’accroissement de l’écart entre le tarif réglementé et le prix du gaz sur le marché.
Ce choc soudain et prolongé sur l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne ressemble trait pour trait au début du scénario de transition désordonné imaginé comme scénario catastrophe par la BCE, entraînant à la fois un changement brutal et une dégradation de l’environnement économique et social. A titre d’exemple, une montée brusque des prix du pétrole impacte les ménages dans leurs déplacements (notamment domicile — travail), devenus trop cher.
A contrario, le scénario d’une transition douce impliquant une croissance lente et prévisible du prix de l’énergie, permet aux ménages d’anticiper et de s’adapter à cette nouvelle situation.
Indépendance et souveraineté énergétiques
Dans ce contexte, le conflit ukrainien, aux airs de transition désordonnée, vient alimenter et entretenir une pression préexistante sur le marché de l’énergie. Comme un électrochoc, ces événements nous font prendre conscience de l’importance de la transition énergétique et de son impact sur tous les plans.
Dans ce contexte, où les prix de l’énergie explosent, des leviers doivent être actionnés afin de saisir l’opportunité, pour les gouvernements, de conquérir une indépendance et une souveraineté énergétique. A cet effet, le plan annoncé peu avant l’élection présidentielle vise à construire d’ici 30 ans, 100GW de puissance éolienne, à développer l’énergie solaire et un parc de nouvelles centrales nucléaires.
Des entreprises se sont également lancées ce défi, à l’instar de producteurs d’acier qui cherchent à réduire leur dépendance aux énergies fossiles en développant l’utilisation de l’hydrogène ou encore l’ensemble de l’industrie automobile qui sera décarbonée à horizon 2035.
Coopération internationale
A plus long terme, cette transition est d’autant plus nécessaire qu’elle apparaît comme un passage obligatoire vers la neutralité carbone et pour atteindre l’objectif climatique de rester sous la barre des deux degrés. Respecter cet engagement et cette trajectoire dès à présent, c’est se donner les moyens de basculer vers une économie bas carbone dans un scénario de transition ‘douce’.
Autrement dit, un scénario où les ménages et les entreprises ont de la visibilité pour organiser dès aujourd’hui les investissements nécessaires à l’atteinte de ces objectifs climatiques sans être bloqués demain avec des « stranded asset » .
Enfin, et bien qu’il s’agisse d’un conflit local, les conséquences sont globales, tant sur le plan politique, que social et économique. En transposant cette crise à un contexte de choc de transition, il devient clair que la coopération internationale n’est plus une option pour sortir gagnant de cette transition : elle est la solution.
Éviter un scénario chaotique
Lorsque cette condition n’est pas respectée, les conséquences pour chaque état deviennent à géométrie variable. En effet, si en France cette crise se traduit surtout, à date, par une augmentation des prix, d’autres pays (comme le Sri Lanka) en pâtissent davantage.
Arrivés de manière brutale, les effets de la crise ukrainienne ont eu des répercussions immédiates et brutales sur l’économie mondiale. En réponse, les états agissent dans l’urgence dans un contexte déjà fragilisé par la crise Covid.
Ainsi, le conflit peut être vu comme un choc mal, voire non anticipé, où les conséquences et les impacts sont violents. Autrement dit, anticiper et se prémunir maintenant du risque de demain, en investissant rapidement dans les outils de décarbonation à notre disposition : isolation des bâtiments, développement du transport en commun, du vélo et des sources d’énergie bas carbone… En somme, flécher dès aujourd’hui les investissements dans cette transition permettra, demain, d’éviter un scénario de transition chaotique.
Par Sarah Daymier, Project Manager et Guillaume Flament, Consultant et Chercheur Square Management.
AUTRES ACTUALITÉS EN ENTREPRISES ET FINANCE DURABLES
L’essor des nouvelles mobilités : quels impacts pour l’assurance ?
Paru dans Économie Matin
Comment booster la motivation de vos collaborateurs dans un contexte de fusion ?
Paru dans La Tribune
Booster l’implémentation des stratégies RSE grâce à l’agilité
Paru dans Focus RH