Finyear
– le 30 mars 2022
Vladimir Poutine a annoncé jeudi 24 février envahir l’Ukraine, justifiant son attaque au nom de la protection des séparatistes contre les forces ukrainiennes, et rend ainsi caduques les accords de Minsk.
Pour ralentir l’avancée des belligérants, des sanctions économiques et financières ont été prises par l’Union Européenne et les pays Occidentaux. Ces sanctions ont produit de véritables ondes de choc sur les marchés financiers, rappelant par la même occasion notre dépendance aux énergies fossiles.
La guerre qui sévit en Ukraine depuis fin février a conduit l’Union Européenne à prendre des sanctions économiques et financières. Elle a interdit la vente, la fourniture, le transfert ou l’exportation vers la Russie de biens et technologies spécifiques utilisés dans des raffineries de pétrole. L’UE a également interdit les exportations dans le secteur de l’aviation et de l’industrie spatiale. Des personnalités jugées proche du Kremlin ainsi que la banque centrale russe ont vu leur avoirs et actifs gelés. Une autre mesure importante a été l’exclusion de sept banques russes du système Swift (Society for worldwide interbank financial telecommunication). Ce service de messagerie permet aux établissements financiers de se transmettre, de manière rapide et sécurisée, différents ordres : transferts de fonds ou de paiements. Néanmoins, deux banques russes importantes n’en sont pas exclus : Gazprombank – filiale du géant gazier Gazprom – dont l’exclusion empêcherait l’Allemagne de s’approvisionner en gaz et Sberbank qui comptabilise 110 millions de clients.
Ces sanctions ont pour but de répondre économiquement aux attaques militaires russes, se traduisant ainsi par des secousses sur les marchés financiers. À la Bourse de Paris, l’indice CAC 40 a reculé de près de 3,8 % au cours de la séance du jeudi 24 février. Cette importante baisse de l’indice s’explique par la forte présence de l’usine Renault et la Société Générale sur le territoire russe. La Société Générale s’est effondrée de 9,36% en Bourse le mardi 1er mars, après avoir déjà perdu près de 10% la veille. BNP Paribas, en baisse de 6,81% ce même mardi, et Crédit agricole de ‑7,76%, ont également plongé bien qu’elles soient moins exposées à la Russie. Quant à la bourse de Russie, l’indice MOEX a subi la pire chute de son histoire le 24 février avec une correction de ‑45%. Le FOREX a lui aussi été impacté, notamment par l’effondrement du cours du rouble de près de 45 % de sa valeur depuis janvier, ce qui représente une dépréciation très forte pour le pays. La Banque centrale russe a accumulé l’équivalent de 643 milliards de dollars de réserves de change, qui sont en grande partie le fruit de ses exportations énergétiques. Elle aurait pu intervenir pour soutenir le cours de sa monnaie mais dans la mesure où près de la moitié de ses réserves sont détenues par des banques centrales étrangères, donc sous sanctions, elle n’a pas pu les mobiliser. La Russie est un des principaux exportateurs mondiaux de gaz naturel, mais également de pétrole, de céréales et de métaux industriels, et la chute de son cours devrait provoquer une augmentation des coûts des produits importés par la Russie et donc accélérer l’inflation en Europe.
Certaines de ces restrictions ont été difficile à prendre en raison d’intérêts économiques commun entre l’Union Européenne et la Russie, notamment celui de la dépendance de l’Allemagne au gaz (55% du gaz allemand est fourni par la Russie). Nous assistons déjà à une hausse générale du prix de l’énergie, et le contexte avéré de guerre risque de ne pas arranger la situation. Ce conflit armé nous rappelle ainsi notre forte dépendance au gaz naturel, une énergie controversée d’un point de vue durable. Cette guerre pourrait être le point de départ d’une réelle transition énergétique, et d’une réorientation des capitaux vers des entreprises et énergies plus vertes. Mais ces perspectives se sont-elles concrétisées ?
Le premier constat est la réaction classique des investisseurs dans un climat d’incertitude : ils se tournent vers les valeurs refuges. Nous avons donc constaté une hausse du cours de l’or. L’once est passé de 1 700€ le 23 février à 1 920€ le 24 février, pour atteindre son pic au lendemain de l’embargo américain sur le pétrole, le 9 mars, à 2000€. Le second constat est le regain d’intérêt pour le secteur de la guerre avec une hausse du cours des actions Thales (+4,87%) et Dassault Aviation (+3,8%) au 24 février. Quant aux entreprises vertes, pas de réel pic d’investissements mais une amélioration observée pour certaines sociétés jugées comme prometteuses par les analystes de Bank of America Securities. Le cours des actions des sociétés NextEra Energy, EDPR et Air Liquide est au-dessus de son niveau d’avant-guerre. Respectivement, les cours étaient au 24 février de 75,44 USD, 19,74€ et 144,58€ contre 82,37USD, 22,94€ et 152,54€ au 18 mars.
Malgré une réorientation assez forte des capitaux vers l’or et le secteur militaire, de légères améliorations ont été constatées dans le secteur durable. De plus, l’annonce par la Commission européenne du nouveau plan REPowerEU pour remédier à la dépendance aux énergies fossiles russes offre de nouvelles perspectives plus durables, notamment sur le plan énergétique. Ce plan vise à d’un côté à accroître l’efficacité énergétique et le déploiement des énergies renouvelables et de l’autre côté diversifier l’approvisionnement en gaz de l’Europe.
Par Joséphine Yvermogeo, Consultante Square.