Le Courrier Financier
L’objectif de ces nouveaux acteurs est clair : rendre l’investissement accessible à tous. Bien que cette nouvelle forme d’investissements présente de nombreux avantages, et devienne de plus en plus populaire, elle présente néanmoins des risques pour les investisseurs et se doit de répondre aux contraintes réglementaires actuelles, tout en se préparant aux réglementations à venir.
Un marché en plein essor
En Europe, le nombre de clients d’investissement fractionné avait augmenté de plus de 50 % en 2020 par rapport à l’année précédente. Le phénomène est d’autant plus marqué en France avec une augmentation de 70 % selon le rapport de Morningstar « European ETF Asset Flows report ».
L’investissement fractionné a de quoi séduire
Du côté des émetteurs, l’investissement fractionné permet d’attirer de nouveaux clients et ainsi d’élargir leur base clients. Cela leur permet également de créer de nouveaux produits financiers, tels que des fonds négociés en bourse (ETF) et des portefeuilles automatisés, qui permettent aux investisseurs de diversifier leur portefeuille sans avoir à effectuer des transactions coûteuses.
La face cachée de l’investissement fractionné
Les investisseurs supportent ainsi un risque de contrepartie lié à l’émetteur du produit dérivé et/ou de la plateforme utilisée, et non de l’émetteur de l’actif sous-jacent. Si la plateforme se retrouve en faillite, il est possible que les investisseurs ne retrouvent pas leur investissement ainsi que leurs plus-values, et ce, même si le cours de l’action se porte bien. En outre, les investisseurs ne pourraient pas bénéficier de la garantie des titres offerte par le Fonds de garantie des dépôts et de résolution.
Certaines plateformes d’investissement proposent une « commission zéro », mais qui est illusoire car il y a toujours un coût associé à une prestation de services. Certains acteurs proposant des transactions « sans frais » facturent tout de même des frais de courtage ; d’autres facturent divers frais ou sont rémunérés indirectement, par exemple en étant payés par l’intermédiaire à qui les ordres sont transmis — ce qu’on appelle le paiement du flux d’ordres, utilisé notamment par Robinhood.
De plus, la cession de ces fractions d’investissements ne peut être faite qu’avec le concours de l’émetteur qui en assure la valorisation et le plus fréquemment, la liquidité. A moins d’un marché secondaire, la cession se fait aux conditions de la plateforme ou de l’émetteur, ce qui représente un risque de liquidité non maîtrisé par les investisseurs. Enfin, l’AMF a pointé l’illusion de performances, notamment au sujet des investissements fractionnés dans l’immobilier. Plusieurs plateformes promettant des rendements allant de 10 % à 15 % par an…
Une régulation nécessaire
L’encadrement réglementaire est aujourd’hui relativement faible, du fait de la nouveauté de ces produits et de la technique d’investissement déployée. De surcroît, certains actifs sont structurés et émis depuis l’étranger, répondant de facto à des règlementations étrangères. La règlementation ne devra pas se cantonner à la seule zone Française, mais bien à l’ensemble de la zone Européenne.
Les atouts, parfois exagérés — notamment la performance — mis en avant pour convaincre, ont besoin d’être comparables entre tous les acteurs et les produits déjà réglementés sur les marchés financiers.