Journal du Textile
– le 19 juillet 2022
En effet, avec un impact représentant jusqu’à 10% des émissions totales de CO2, la mode est le troisième secteur le plus polluant du monde après l’énergie et l’alimentation. Les sources de pollution liées à ce secteur sont multiples.
Les distributeurs et les marques délocalisent leur production dans les pays d’Asie du Sud-Est, la main‑d’œuvre revenant moins cher que de fabriquer les vêtements en Europe, malgré les coûts de transport supplémentaires. Cette délocalisation a plusieurs impacts environnementaux : l’énergie requise par les usines de cette région est souvent très carbonée et, afin de permettre une commercialisation immédiate des produits en dépit des longues distances à parcourir, l’avion est devenu le mode de transport le plus utilisé et l’un des plus polluants en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Par exemple, un t‑shirt en coton “classique” peut parcourir plus de 40 000 km pour arriver jusqu’au consommateur.
Lors de la phase de production d’un vêtement, plusieurs matières premières nocives pour l’environnement sont utilisées. Parmi elles, le coton (principale culture consommatrice de pesticides dans le monde, nécessitant des volumes importants d’eau douce), la laine et le cuir (élevage intensif, culture intensive des sols pour leur alimentation donc utilisation de pesticides et consommation importante d’eau) mais aussi le pétrole utilisé pour fabriquer le polyester (une fibre synthétique peu chère et plus résistante que le coton, devenue la matière la plus utilisée dans le prêt-à-porter). Pour cultiver ces matières premières, l’eau est indispensable. L’industrie du textile est le troisième secteur le plus consommateur d’eau dans le monde après la culture de blé et de riz. En effet, 4% de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire des vêtements.
L’utilisation de produits chimiques n’est pas seulement liée aux matières utilisées mais aussi aux modes de fabrication des vêtements, comme les teintures ou le délavage des jeans. Pour la teinte par exemple, les fabricants utilisent des éthoxylates de nonylphénol (NPE), des colorants azoïques, des phtalates ou encore du formaldéhyde, substances toxiques aussi bien pour les consommateurs que pour l’écosystème aquatique impacté par les différents lavages. Selon l’ADEME, 20% de la pollution des eaux dans le monde serait due à la teinture et au traitement des textiles, et selon l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature), 35% des microplastiques rejetés dans les océans viendraient du lavage de textiles.
L’impact environnemental néfaste de la fast fashion perdure jusqu’à la fin de vie des vêtements. En effet, étant donné la qualité souvent mauvaise des matières utilisées, une grande partie des vêtements produits sont de moins en moins portés et rapidement jetés. Ils finissent alors dans les lieux d’enfouissement ou incinérés, à la vitesse estimée d’un camion à benne rempli chaque seconde à l’échelle globale. La pandémie de Covid-19 a accentué cette tendance en causant de grands volumes d’invendus.
De la production à l’usage, en passant par la commercialisation, la quantité de déchets générés par l’industrie des vêtements est considérable et chaque étape est très polluante. Malgré cela, un Français achète en moyenne 9 kg de vêtements par an. La fast fashion paraît donc incompatible avec l’accord de Paris. Pour le respecter et limiter à 1,5°C le réchauffement climatique d’ici 2050, l’industrie textile doit diviser ses émissions de GES par 3.
Que peut faire le consommateur afin de contribuer à cette réduction ?
Comme le proclame la styliste Vivienne Westwood : “Choisissez mieux, achetez moins et faites durer”. De nouveaux modes de consommation et de nombreuses initiatives en accord avec cette devise émergent depuis quelques années, en voici une liste non-exhaustive :
Acheter local : privilégier les achats en circuits courts,
- Choisir les bonnes matières : le lin par exemple (la France en est le premier producteur mondial et sa culture est moins gourmande en eau et en engrais que le coton),
- Se fier à certains logos : Ecocert Textile, Organic Exchange, Global Organic Textile Standard, etc,
- Acheter en seconde main : faire du shopping sur des sites spécialisés tels que Vinted ou dans les friperies,
- Acheter moins : dans le dernier rapport du GIEC il est conseillé de limiter l’achat de vêtements neufs à 1kg par personne et par an,
- Recycler ses vêtements : au lieu de jeter ses vêtements en fin de vie, il est possible de leur donner une seconde vie en les réparant/reprisant, en les donnant à une association caritative ou des proches, en les revendant en ligne, dans les dépôts-vente, dans un vide grenier ou encore en les échangeant contre des bons d’achat en magasin,
- Entretenir ses vêtements : laver moins souvent (30% de l’empreinte écologique des vêtements provient de leur entretien) et éviter les adoucissants avec parfum,
- Réclamer des vêtements “écologiques” : faire savoir aux marques que les consommateurs préfèrent les vêtements écologiquement responsables, par le biais des réseaux sociaux, par email ou en boutique (privilégier leur achat tout en étant vigilant au “greenwashing”).
En plus de ces initiatives venant des consommateurs, une réglementation ferme et un engagement concret de l’ensemble des acteurs de la société sont essentiels. Les marques, comme les consommateurs peuvent agir contre ce dégât écologique. Alors, en cette période de soldes, privilégions la qualité à la quantité !
Par Marion Dufour Consultante Square Management.
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