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Journal du Net

– le 10 novembre 2021
L’essor du Big Data a fortement impacté les entreprises au cours des dernières années entrainant la création de directions dédiées, le recrutement d’experts (data scientists, data engineers), le déploiement d’outils, ….
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont pour ambition d’aller plus loin en devenant des « Data Driven Companies » c’est-à-dire des entreprises « pilotées par les données ». Cependant, un grand nombre échouent et ne parviennent pas à s’appuyer sur l’analyse des données pour prendre des décisions et orienter leur stratégie.

Cela peut être dû à l’utilisation d’outils inadaptés, à la mise en place de techniques d’analyse ne répondant pas aux besoins réels du métier ou encore à une mauvaise gestion de la donnée. Et dans de nombreux cas, cela s’explique par l’absence d’un véritable plan d’acculturation à la donnée des collaborateurs sur le long terme. Mais alors, comment développer une culture de la data au sein des entreprises afin de garantir une exploitation optimale de la donnée ?

Le processus d’acculturation est une étape essentielle dans les projets de transformation et va s’appuyer sur différents moyens pour engager les collaborateurs : la communication, la formation, la sensibilisation ainsi que l’expérimentation.

Communiquer et donner du sens

Bien que la data attire les collaborateurs, on constate qu’ils se désintéressent rapidement du sujet. En effet, certains vont rejeter la data par pure méfiance, d’autres ne vont pas réussir à percevoir l’intérêt que cela peut avoir sur leur activité et quotidien alors qu’une autre partie va être mal à l’aise à l’idée d’exploiter des données. Selon l’enquête « The Human Impact of Data Literacy » , 75 % des employés ne sont pas à l’aise lorsqu’ils travaillent avec des données.
Au regard de ces raisons, il va être primordiale de mettre en place une communication simple et raisonnée visant à rassurer, à démystifier l’usage des données, à expliquer la vraie valeur que cela apporte aux missions de tous les collaborateurs et ce quel que soit le métier et le rôle. Dans cette optique, il sera nécessaire d’utiliser les supports de communication interne et de travailler sur des messages simples et efficaces comme l’a fait AXA avec son manifesto de la data comprenant des slogans comme « Share data and ensure its access to everyone »[1].

Il peut également être intéressant de créer des lieux physiques incarnant la volonté de l’entreprise à devenir « Data Driven ». Ces lieux d’apprentissage et d’échanges pourraient accueillir des événements (ateliers, conférences, REX, …) ou servir de showroom avec des démonstrations.

Former chaque collaborateur quel que soit son métier

Compte tenu du caractère innovant du sujet, il semble que les plans de formation classiques ne soient pas les plus efficaces. C’est pourquoi, il apparait plus pertinent de déployer des formations online avec la création de COOC[2], des Serious games, du reverse mentoring, … . La Société Générale s’est d’ailleurs orientée vers le reserve mentoring, en mettant en relation les dirigeants et les data scientists du groupe pendant des sessions de deux heures[3] afin de les initier à l’IA.

Pour garantir une adhésion forte, il faudra, en complément, que le parcours de formation soit personnalisé pour répondre aux besoins, préalablement déterminés, de chaque collaborateur. Dans cette optique, la BPCE a créé une Data Academy, qui dispense des cycles de formation à la fois diplômantes et certifiantes à ses experts de la data.

Il peut également être intéressant d’identifier des ambassadeurs de la donnée et de les former pour en faire des relais en charge de promouvoir l’intérêt de la donnée. C’est d’ailleurs ce qui a été mis en place à la Caisse des Dépôts et qui a fortement contribué à fédérer les équipes autour de la donnée.[4]

Suivre l’impact du plan d’acculturation et le faire évoluer

Ces actions vont permettre de sensibiliser les collaborateurs, les faire monter en compétences et les inciter à devenir de réels acteurs de la donnée. Mais l’acculturation à la donnée n’est pas un projet ponctuel, c’est un projet qu’il faut envisager à long terme et qui mérite une amélioration continue car en perpétuelle évolution.

Pour cela, il peut être pertinent de mettre en place une enquête annuelle permettant d’évaluer le niveau d’acculturation à la donnée et ainsi de pouvoir agir rapidement pour lever des freins et favoriser la transition vers la « Data Drive Company » ou le maintien pour les entreprises les plus avancées. C’est d’ailleurs ce qu’a réalisé le groupe BPCE avec la mise en place du « Barodata[5] » qui a permis d’analyser le niveau de perception et de connaissances de la donnée des collaborateurs et de définir des profils types afin de mieux cibler les prochaines actions du plan d’acculturation.

Il apparait clairement que l’acculturation est un prérequis incontournable pour réussir la transformation des entreprises et ce quel que soit le sujet. On a d’ailleurs pu voir l’impact positif de plans d’acculturation sur des sujets comme le digital, l’innovation ou encore l’expérience client.

En développant un plan d’acculturation dédié à la donnée, les entreprises vont se différencier et réussir à mettre en place ce que l’on appelle la Data Literacy, c’est-à-dire la capacité pour les collaborateurs de lire, écrire et communiquer grâce aux données et ainsi devenir des « Data Driven Companies ». Un véritable challenge qui mérite d’être relevé, d’autant plus qu’une étude menée par l’éditeur Qlik a montré que les entreprises ayant des équipes « data-alphabétisées » étaient 3 à 5% plus performantes[6].

[1] https://dataanalyticspost.com/les-grands-groupes-face-aux-defis-de-lacculturation-a-la-data/

[2] Corporate Online Open Course

[3] https://www.alliancy.fr/acculturation-formation-data

[4] https://www.opendatasoft.com/fr/blog/comment-acculturer-son-entreprise-a-la-donnee-caisse-des-depots

[5] https://www.89c3.com/news/mesurer-acculturation-data-collaborateurs-groupe-bpce-barodata/

[6] https://www.a5sys.com/data-literacy/

Par Mathilde Taillez, Project Manager chez Square.

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