La Tribune
– le 21 septembre 2022
Les différents acteurs de ce marché frontière font preuve de résilience et se montrent réactives face aux crises mondiales, le dernier exemple en date étant celui lié au covid-19. Cette crise sanitaire a ralenti les échanges propres à un monde mondialisé et des concepts comme celui de la démondialisation (Walden Bello, 2002) sont remis à l’ordre du jour. Cette démondialisation s’inscrit aussi dans une logique capitaliste. Mais, l’industrialisation des territoires est pensée pour nourrir le marché intérieur, et non plus, pour favoriser l’exportation de biens et de services.
Ainsi, l’Afrique parviendra-t-elle à tirer son épingle du jeu et se positionner comme le nouvel Eden des investisseurs ?
Des indicateurs encourageants
Le continent africain maintient plutôt bien son rythme de croissance dans les épisodes de récession : C’est le cas durant la crise des subprimes de 2008, où le monde connaît ‑0,1% de croissance du PIB réel en 2009, contre +3,1% de croissance pour le continent africain. Idem durant le Covid, où le ralentissement du taux de croissance du PIB réel fut moins rapide que prévu sur le continent africain. Dans ce contexte, l’Ethiopie, qui a fait le choix d’investir sur le développement de son agriculture, et de nationaliser certaines industries, se démarque avec une croissance à +6% en 2020 alors que l’économie mondiale connaît une récession conséquente avec une décroissance du PIB réel global de 3,1%…
Les exemples sont nombreux, et malgré les crises qui s’enchaînent — le conflit ukrainien ne sera pas sans conséquences pour l’Afrique — les investisseurs sont de plus en plus confiants sur les opportunités que peuvent offrir le continent africain.
Emergence de fonds souverains africains
La finance décentralisée : un levier de croissance pour le continent ?
D’après le Global Crypto Adoption Index de Chainanalytics, le top 20 des pays ayant le plus adopté les cryptomonnaies (pondéré par parité du pouvoir d’achat) est composé de 6 pays africains : le Kenya, le Nigéria, le Togo, l’Afrique du Sud, le Ghana, et la Tanzanie.
Ce constat est encore plus significatif pour les échanges de cryptomonnaies P2P, où les utilisateurs sont mis en relations les uns aux autres sans la présence d’une tierce partie : de ce côté, le Kenya se place en leader mondial en termes de volume d’échange de cryptomonnaies par PPA, suivi par le Togo (2e), et le Vietnam (3e).
L’essor de la « Mobile Money »
De ce point de vue, la finance décentralisée et ses variantes pourront être des leviers essentiels pour la croissance du continent. D’abord, la confiance des différentes parties prenantes est restaurée. Ce nouveau système donne aussi un nouvel élan et de l’espoir à une population jeune, née dans le numérique : d’ici à 2050, le continent africain concentrera ¼ de la population mondiale (données INED), dont presque la moitié aura moins de 25 ans. Avec une telle démographie, ces nouveaux outils bancaires auront encore de longs jours devant eux, et apporteront avec eux d’importantes évolutions sur l’environnement réglementaire, financier, et politique de nos différentes économies.
Autant d’éléments qui font que le continent africain maintient la confiance des investisseurs et que leur présence sur ce dernier sera de plus en plus conséquente. Des acteurs endogènes au continent émergent et mettent en place les dispositions nécessaires à un tel succès. De nouveaux outils permettent de répondre à des problématiques locales, réglementaires, et économiques. De même, ces évolutions ne paraissent pas incompatibles avec le défi le plus important du XXIe siècle, voire de l’histoire de l’humanité : la transition écologique. Et si le continent africain parvenait à transformer cette contrainte en opportunité ?
Par Ray Amegee, Consultant Square Management.