Le Courrier Financier
– le 1ᵉʳ décembre 2023
Depuis plusieurs décennies, le micro-crédit est apparu comme un moyen essentiel pour aider à reconstruire les économies, en facilitant l’accès aux capitaux nécessaires pour lancer des projets entrepreneuriaux sans les contraintes des prêts traditionnels.
Dans le contexte post-Covid, il a joué un rôle crucial en soutenant les petites entreprises et les individus à faible revenu, contribuant ainsi à leur survie mais aussi à leur relance économique.
Fondements et objectifs du micro-crédit
Suivant une approche novatrice, le principe est d’accorder des petites sommes d’argent sur de courtes périodes, principalement à des personnes à faible revenu, souvent exclues du système bancaire traditionnel. Contrairement aux prêts classiques basés sur des garanties, il se base sur la confiance et les relations sociales pour évaluer la capacité de remboursement.
En 1983, la Grameen Bank a introduit et formalisé le micro-crédit. Son modèle de prêt solidaire favorisait la responsabilité collective et réduisait les risques de défaut de paiement. Un groupe d’emprunteur était désormais responsable du remboursement totale de la somme empruntée. Son succès a inspiré la création d’institutions de microfinance dans le monde entier, adaptant cette approche à leurs besoins locaux.
Outil efficace pour l’autonomie financière
En offrant des opportunités de financement aux entrepreneurs, il stimule l’activité économique. La Grameen Bank, par exemple, a permis à un grand nombre de bénéficiaires de créer des entreprises prospères, générant ainsi des revenus supplémentaires et créant des emplois au sein de leurs communautés.
En donnant à des individus démunis les moyens de développer leurs activités, le micro-crédit contribue activement également à la réduction de la pauvreté. Il permet aux entrepreneurs de s’affranchir du cycle de la pauvreté, d’offrir une meilleure éducation à leurs enfants et d’améliorer significativement leurs conditions de vie.
Relancer l’économie locale
Parmi ces bénéficiaires, figurent les entreprises agricoles dans les régions rurales, qui utilisent les micro-crédits pour acheter des semences, remplacer du matériel défectueux.
On retrouve également les entreprises artisanales (tisserands, potiers, fabricants de bijoux, etc.), les entreprises de services (chauffeurs de VTC, coiffeurs, etc.), et les entreprises sociales, qui utilisent ces outils pour financer des projets de développement durables dans des zones défavorisées.
Emancipation financière des femmes
L’organisation à but non lucratif basé dans les régions en développement, KIVA, se consacre au micro-crédit et crowdfunding social. Elle œuvre particulièrement dans l’impact investing auprès des femmes et familles — forme d’investissement à impact social comptant sur les synergies entre impact sociétaux, environnementaux et sociaux d’une part, et retour d’investissement neutre ou positif d’autre part.
Cependant, le succès du micro crédit dans l’émancipation économique des femmes est à pondérer avec d’autres facteurs tels que la formation entrepreneuriale des femmes, l’accès aux services de soutien et la prévention de la discrimination.
Marché en plein essor
L’augmentation des demandes a conduit à l’ouverture de plus de 500 points de conseil budgétaire en France depuis janvier 2022. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, souligne le travail important des associations et des centres d’action sociale qui aident de nombreuses personnes en difficulté financière au quotidien.
Quelques exemples notables d’institutions de microfinance incluent la Grameen Bank, qui a accordé plus de 28 milliards de dollars de prêts à plus de 9 millions de bénéficiaires, principalement des femmes. La BRAC, qui a octroyé plus de 200 000 micro-crédits, créant ainsi plus de 400 000 emplois et Accion, une organisation internationale de microfinance, qui a financé plus de 7,7 millions de micro-entrepreneurs en 2020.
Pour conclure, ce qu’il faut retenir
Des taux d’intérêt élevés, des risques de surendettement et la nécessité d’une réglementation adéquate sont des questions importantes à prendre en compte. Néanmoins, le microcrédit continue d’évoluer et de s’adapter pour répondre aux besoins changeants des emprunteurs et des entrepreneurs. La clé réside dans une gestion équilibrée et une régulation appropriée pour garantir que le microcrédit continue de bénéficier aux populations vulnérables tout en minimisant les risques potentiels.
Par Mondher Aouiti, Consultant Senior chez Square Management.