ID : l’Info Durable
– le 26 février 2021
En Europe, le prix du carbone dépend de sa valeur sur l’EU-ETS, le marché des gaz à effet de serre où les entreprises peuvent vendre et acheter des quotas d’émissions. Ce prix correspond au montant auquel s’échangent les tonnes de quotas d’émission de CO2. Il est aujourd’hui aux alentours des 25€/tonne, un niveau jugé insuffisant pour pouvoir répondre aux exigences des Accords de Paris.
Pour comprendre l’impact du prix du carbone sur l’utilisation de l’hydrogène vert, il faut d’abord comprendre la différence de production des hydrogènes vert et gris. Ils sont utilisés habituellement comme matières premières pour des usages industriels mais pourraient jouer un rôle majeur en tant que source d’énergie pour le transport et la production de chaleur dans les années à venir. La production d’hydrogène gris est génératrice de CO2 car elle utilise des énergies non renouvelables. A contrario, l’hydrogène vert n’émet pas de CO2 grâce à l’utilisation d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques ou encore d’électricité renouvelable dans son cycle de production.
Pourquoi le prix du carbone est essentiel et comment amener les entreprises à investir dans l’énergie verte ?
Une hausse de prix du carbone augmenterait le coût de production de l’hydrogène gris pour qu’il atteigne le même niveau que celui du vert. Ainsi, ce dernier, grâce à cette hausse du prix du carbone et à la baisse de ses coûts de production, serait compétitif avec l’hydrogène gris en tant que matière première. De plus, l’utilisation de l’hydrogène vert à la place du gris permettrait une baisse de 6 % des émissions totales de CO2 en Union Européenne.
Une fois ce stade atteint, l’hydrogène vert devra ensuite être compétitif face aux sources d’énergie utilisées pour le transport ou le chauffage. De la même manière, ces énergies sont émettrices de CO2, ainsi un prix du carbone à un niveau rendant l’hydrogène vert compétitif face à ces sources d’énergie, permettrait de réduire considérablement l’émission de gaz à effet de serre.
Les leviers d’ajustements du prix du carbone
L’enjeu le plus complexe reste de définir le prix du carbone. A ce jour, la Banque Mondiale estime qu’il devrait se trouver entre 40 et 80€/t tandis que le récent rapport sur la décarbonisation de M. Lewis, responsable de la recherche sur le changement climatique chez BNPP AM, propose un prix de 49€/t. Cependant, un prix « juste » pour l’Europe ne l’est pas forcément pour d’autres pays, comme l’Inde dont l’économie dépend fortement du prix du carbone. Le coût de production de l’hydrogène vert doit aussi continuer de diminuer, sa baisse d’environ 60 % sur les dix dernières années ne garantit pas une baisse aussi importante dans le futur. C’est pourtant l’un des enjeux majeurs pour la décarbonisation.
Les pistes pour atteindre les objectifs des Accords de Paris en s’appuyant sur le prix du carbone sont nombreuses mais les défis pour y arriver le sont tout autant. Si l’Europe peut utiliser le prix du carbone comme un levier majeur pour la réduction des émissions de CO2, ce n’est pas le cas pour tous les pays qui devront s’appuyer sur d’autres leviers sous peine d’endommager fortement leur économie. L’entente devra être mondiale, c’est pourquoi à la suite de l’élection de Joe Biden, il n’est pas déraisonné de se demander si sa politique soutenant la réintégration des USA aux Accords de Paris agira en faveur de cette économie verte.