Revue Banque
– le 01 mars 2021
En parallèle, les FinTech gagnent des parts de marché grâce à leurs solutions innovantes et les banques investissent pour suivre le rythme de leurs clients tout en respectant les réglementations.
Face à un tel décalage, dans quelle mesure le Trade Finance doit-il opérer un changement au plus vite et comment peut-il parvenir ?
Etat des lieux
L’ensemble de ces opérations est soumis à des lois internationales qui régulent et sécurisent le marché. Les banques ont un rôle clé à jouer dans la connaissance des clients, mais également des clients de ces clients et de leurs transactions. Les temps de traitement des étapes du KYC, KYCC, KYT sont conséquents et peuvent augmenter significativement pour des opérations douteuses. Les banques doivent réussir à maintenir le niveau de sécurité tout en contrôlant l’émission sans prolonger le traitement de l’opération afin d’éviter une réclamation du client.
Pour résoudre cette délicate équation, les acteurs bancaires ont certes évolué et digitalisé une partie de leur processus. Cependant des marges de progression subsistent : accepter les documents par e‑mail mais continuer à exiger les originaux et en conserver une partie par exemple, ou accepter une instruction en ligne mais refuser la e‑signature. Cet entre-deux n’est ni clair, ni profitable pour les différentes parties prenantes. Les banques, notamment en Europe, doivent affirmer leurs intentions de digitalisation et concrétiser cette transformation.
Comment y parvenir de la façon la plus efficiente ?
Une telle transformation, rapprochant le Trade du socle digital déjà existant de la banque, nécessite une approche progressive, combinant expertises métier et IT. Ce type de projet est calibré pour l’approche Agile, par exemple en visant une première application avec des fonctionnalités basiques, le fameux produit minimum viable (MVP), l’ouverture du service à quelques clients pilotes puis la généralisation à tous et l’extension des fonctionnalités.
En parallèle, il est intéressant (et plus rapide !) de concevoir son système de façon ouverte en s’appuyant sur des interfaces d’échange déjà définis. C’est tout l’enjeu de l’APIsation, le recours aux API. Elles permettent, par exemple, d’échanger les données “par appel” entre le client et la banque via un canal sécurisé qui ne nécessite aucune intervention de l’humain.
Pour aller encore plus loin, certains acteurs parmi les plus importants se regroupent pour mutualiser leurs efforts. Lancée en 2017, en consortium avec 12 acteurs mondiaux (HSBC, Société Générale, Natixis …) we.trade est la première plate-forme blockchain dédiée au financement du commerce international opérationnel. Associée à IBM pour le développement de l’outil, elle permet aux clients de ces banques, acheteurs comme vendeurs de s’accorder sur les conditions d’une transaction. Dès l’accord des deux parties obtenu, la transaction est initiée, les événements sont suivis sur la blockchain et lorsque toutes les conditions sont remplies, la banque de l’acheteur déclenche automatiquement le paiement associé.
Cette course à l’innovation des historiques du trade est aussi motivée par la peur des nouveaux entrants. En effet, les acteurs des FinTech s’associent afin d’accélérer leur développement et d’élargir leur propre offre. Récemment, Surecomp, principal fournisseur de solutions de financement du commerce mondial et Profile Software fournisseur international de solutions financières, se sont unis afin de renforcer leurs positions mutuelles sur la scène internationale du Trade Finance.
Des investissements indispensables
Pour autant ces efforts doivent également ouvrir une réflexion plus globale sur les attentes Clients émergentes, sur le nouveau rôle du collaborateur dans cette satisfaction et sur la trajectoire de montée en compétence nécessaire.
Pour 2021, la question n’est donc plus ni pourquoi ni comment mais plutôt qui. Qui seront les premiers à réussir à la fois à se digitaliser complètement, à pérenniser les talents de ses collaborateurs et à séduire les clients récurrents du Trade Finance ?
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